Konaketsu

En face de moi se tenait quelqu'un qui aurait put passer pour le commun des mortels. Le jeune homme n'était pas plus grand que n'importe qui. Certaines de mes amis le qualifieraient de grand, tandis que mes plus proches confrères utiliseraient « menu » comme un terme le qualifiant parfaitement. Si je devais moi-même décrire le jeune homme, je dirais qu'il est de ceux dont on ne parle pas. D'une taille moyenne, il avait l'air de très bien pouvoir se démarquer par autre chose que sa taille.

Vu que sa hauteur n'était pas son principal atout, parlons de ce qui m'a frappé lorsque, pour la première fois, mon humble regard se posa sur la personne en question : ses cheveux. D'un blanc nacré, ceux-ci n'avaient pas l'air de se salir, comme si la pureté de leur couleur savaient déjouer les redoutables assauts du sable et de la poussière, ennemis omniprésents à l'intérieur des murs du village caché du sable. Leur longueur elle aussi était intéressante : tombant autour des oreilles, ils ne gène nullement les mouvements précis du jeune homme. Laissés négligés, il n'est pas rare que ceux-ci finissent par troubler la vision du jeune homme, ce qui ne le dérange nullement la plupart du temps. Leur douce teinté blanc nacrée avait apparemment l'habitude de refléter la lumière du soleil, comme si l'astre céleste était descendu dans la chevelure du jeune homme.

Ses cheveux, c'était bien là la seule caractéristique « lumineuse » que notre jeune ami possède. Le reste est sinistre. Beaucoup plus sinistre. Commençons par la bouche : très peu souvent ouverte, je ne l'ai encore jamais vue sourire. Les lèvres fines du jeune homme bouge exceptionnellement rarement, à tel point qu'entendre sa voix peut quasiment être un privilège. Presque toujours avec une expression neutre ou une grimace maussade, la bouche du jeune homme change rarement de positions. Je doute même du fait qu'il ait un jour réussi à sourire franchement. Ce ne serait pas étonnant. Après tout, le jeune homme n'avait pas du tout l'air d'être quelqu'un de chaleureux, jovial, ou autre : il dégageait une aura froide et terrifiante, si bien que cela me faisait froid dans le dos. Je n'ai jamais vu grand monde papoter avec lui : le jeune homme reste souvent seul, et se targue rarement d'autres personnes.

Passons maintenant aux yeux. Un grand mot les définissait particulièrement bien : sinistre. Le regard du jeune homme avait ce pouvoir de pétrifier de peur quelqu'un qui aurait simplement le malheur de le croiser un peu trop longtemps. Les pupilles du jeune homme, colorées d'un sombre et sinistre noir de jais, contrastaient avec la cornée bien blanche des globes oculaires du shinobi. Je ne savais s'il utilisait un quelconque dojutsu via ces yeux terrifiants, mais toujours est-il qu'ils  n'eurent aucun mal à m’apeurer lorsque notre premier contact visuel eu lieu. Faites attention à ces yeux, mes amis, faites attention.

Continuons sur le nez. Le nez du jeune homme n'est pas particulier, par rapport à d'autres parties de son corps. Assez court, il sait se faire discret à côté des autres habitants du visage du garçon. Pointu et avec l'arête saillante, le jeune homme possède un nez caractéristique des peuples du désert, donc il est lui-même issu. Enfin, ledit nez est immaculé, comme le reste de la peau du jeune homme. Toutes ces caractéristiques en font quelque chose de discret se remarquant rarement chez le jeune homme.

Pour ce qui est du corps du jeune homme, il n'y a pas grand-chose à redire. Ce n'est pas une montagne de muscles comme certains gros bras du village, mais il est quand même musclé, et particulièrement sec, ce qui devait certainement faire de lui un combattant particulièrement doué au corps à corps. Ses épaules ne sont pas particulièrement larges. De types fines, elles savent se montrer discrète quand il le faut, mais elles restent toujours là, apportant cette dose de charisme au jeune homme. Accompagnant ses épaules, ses bras assez longs sont terminés par des doigts fins et aux apparences fragiles. Cependant, quelque chose me disait qu'il ne fallait pas s'y fier, et que ces mêmes doigts sauraient se montrer particulièrement dangereux et efficaces lors d'un combat. A côté de cela, le torse du jeune homme suivait ses épaules : s'élargissant quelque peut sur le haut, le buste et les hanches du jeune homme restaient fin, mais solides, musclés et sec, à l'image du reste de son corps. Des jambes particulièrement longues et musclées terminaient le corps du jeune homme, jambe qui l'aidaient très certainement à tabasser ses opposants à coup de pieds dévastateurs.

Pour finir, parlons des ses vêtements : le jeune homme qui se tenait en face de moi n'était pas vraiment bien vêtu : un T-Shirt noir aux manches courtes et déchirés accompagné d'une capuche ample et d'un col cachant jusqu'au cou cachaient le haut de son corps, alors qu'en bas il n'y avait qu'un vieux pantalon moulant de shinobi déchiré au bas des jambes et qui accompagnait une paire de sandales plutôt classique.

Voilà l'homme qui se tenait en face de moi. J'apprenais un peu plus tard qu'il répondait au nom de « Konaketsu », un nom sinistre, à l'image de son porteur.

Vous voulez que je me décrive ? Sérieusement ? Rah, fait chier… Non seulement j’ai pas envie, mais en plus j’ai envie de vous éclater vivant… Bon, je crois que je n’ai pas le choix, de toute façon. JE suppose que vous le savez : moi, c’est Konaketsu… « Limaille de sang », en gros. Ouai, c’est glauque, et alors ? Ça me décrit parfaitement. J’aime très peu de chose, et beaucoup de choses m’ennuient. Cependant, un de mes passe temps préféré rester celui de faire jaillir le sang de mes adversaires lors de combats à morts. On pourra dire que je ne suis qu’un fou, ou qu’un vulgaire barbare sanguinaire, mais il se trouve que je suis l’un des assassins les plus efficaces de Suna. Si vous êtes mon ennemi, évitez de croiser ma route... ou vous aurez de grandes chances d’y passer.

Aussi longtemps que je puisse me souvenir, il me semble avoir toujours aimé faire couler le sang. Déjà tout petit, je prenais plaisir à terminer douloureusement la vie des scorpions et autres petites bêtes qui s’aventuraient prêt de moi. Je me souviens encore de mon mode opératoire… On les attrape par la queue, qu’on arrache pour éviter qu’elle ne pique. Ensuite, on arrache les deux crochets, pour éviter encore une fois d’être blessé. Ensuite viennent les pattes, une à une, puis enfin, la tête. C’est gore, hein ? Et bien moi, j’aimais ça. Et j’aime toujours ça ! Ne me demandez pas pourquoi, je ne saurais vous répondre. Après tout, même moi je n’ai jamais vraiment su. Mais bon, ce n’est pas comme si ça me dérangeais vraiment, donc je met mes envies et talents au service du village. Après tout, Suna m’a vu grandir, et c’est très certainement la seule personne qui a toujours été là.

Je suis quelqu’un qui s’énerve très rapidement, et très facilement. Peut-être que ma soif de sang viens de là ? Je n’en sais rien. Je sais juste que je m’énerve pour un rien, et que tout part très rapidement en vrille. Pourquoi suis-je à fleur de peau, comme ça ? J’avoue ne rien en savoir non plus. Aussi loin que puisse remonter mes souvenirs, la colère à toujours été quelque chose d’omniprésent chez moi. C’est étrange, car au final, rien n’explique pourquoi je suis comme ça… Enfin bref. Un rien peut me mettre en colère, cependant il en faut pas mal pour que je rentre dans une colère noire et que je perde totalement le contrôle. Et en général, il vaut mieux pour quiconque d’éviter de tomber sur mon chemin lorsque je suis profondément en colère : ami ou ennemi, il n’y a plus de distinction. La seule chose qui est sure, ces que le sang jaillira, dans un camp comme dans l’autre.

Vous voulez quelque chose de plus heureux ? Raah, vous faites chier… c’est pas facile, je n’ai rien d’heureux. Ou presque. Je me souviens qu’à l’académie, malgré mon tempérament bagarreur et froid, j’arrivais a discuter avec d’autres élèves et à rire. C’est d’ailleurs l’une des dernières où j’ai du rire ou sourire. Ensuite, la violence du monde shinobi me rattrapa bien vite. Guerre, meurtre, assassinats… En dehors du village, c’était la jungle. Je me suis donc mis du plomb dans la cervelle, et depuis, je suis comme ça.

On me reproche souvent mon travail solitaire… Comme si j’avais besoin de tous ces idiots pour m’aider. Ils me gêneraient plus qu’autre chose. En temps normal, je ne suis pas plus solitaire que cela. Je sais apprécier la compagnie, à condition que ladite compagnie ne m’énerve pas. Discussions, discours… tout ça me semble inutile et m’exaspère plus qu’autre choses, mais au moins je peux paraître comme quelqu’un d’à-peu-près normal, pendant ce temps. Ce n’est pas plus mal. Après tout, ça permet d’entretenir mon image positive… si j’en ai encore une au sein de Suna. La plupart des gens me connaissant me voient juste comme un tueur sanguinaire… Peut-être que ce n’est pas plus mal, après tout ? C’est peut-être ce que je mérite… Allez savoir…

En résumé, je suis quelqu’un qui aime tuer et torturer par dessus tout. Je m’énerve très aisément et rapidement, et mieux vaut me fuir comme la peste quand je suis dans une colère noire, car plus aucune de mes actions n’est rationnelle. Je ne fais plus aucune distinction entre amis et ennemis : le sang jaillira, peu importe de qui il provient. A côté de cela, je peux très bien discuter comme une personne normale : je sais entretenir le peu d’image positive qu’il doit rester de moi. Cependant, ces cheveux blanc ne cachent pas vraiment Auriel. C’est plutôt Malthael qui se cache derrière ce rideau de cheveux nacrés, et mieux vaut éviter sa faux. Ou plutôt, devrais-je dire, éviter mon sable d’argent.

Konaketsu, hein ? Ah, voilà un nom qui ne m'évoque presque que des problèmes, et des souvenirs sanglants… Konaketsu, un nom sinistre pour quelqu'un de sinistre, n'est-ce pas ? Bien, parlons-en donc, de ce Konaketsu. Si vous êtes là, que vous en savez peu sur lui, n'est-ce pas ? Et bien, laissez moi vous conter ce que je sais sur ce shinobi au passé aussi sombre que son propre nom.

Il est dit qu'autrefois, Konaketsu était un enfant joyeux. Mais, comme vous le savez, à présent ce n'est pas vraiment le cas : il ne laisse dans son sillage que peur, cadavres et flaques de sang. Cependant, jadis, tout était bien différent : une once de joie, de bonheur, d'envie et d’amour animait le jeune homme, ce qui faisait de lui quelqu'un de plutôt normal, avec ses accès de violence et de colère. Konaketsu avait réussi à se faire respecter à l'académie. Des amis ? Il en avait quelques-un, effectivement. Cependant, et malheureusement, ses « amis » étaient plus là par crainte que par vraie amitié. Le jeune garçon aux cheveux nacrés se fichait pas mal des chuchotements, des regards se voulant discret ainsi que des gens qui le pointaient du doigt dans son dos lorsqu’il parcouraient les couloirs de l’académie de Suna. La plupart du temps, cela provenait de personnes qu’il ne connaissait pas. Faisant fi de toutes les critiques, insultes, remontrances et avis non constructifs qui pouvaient sortir de la bouche de gens lui étant inconnu, Konaketsu apprit à ne faire confiance qu’aux seuls camarades qui passaient du temps avec lui.

Cependant, ces mêmes camarades se révélèrent n’être rien de mieux que des profiteurs. Se laissant aller aux coups bas cachés ainsi qu’à l’hypocrisie, et ce dans l’unique but de se faire bien voir de l’enfant qu’était encore Konaketsu, les pseudos-amis du jeune garçon se retrouvèrent bien embarrassés au moment précis où celui-ci découvrit les coulisses de la pièce de théâtre qu’ils avaient mis tant de temps à mettre en place. Sur scène, les différents acteurs passaient volontiers du temps avec le personnage principal, discutant normalement avec lui, etc., et ce pour lui donner l’illusion d’avoir une vie normale. Cependant, en coulisse… paroles blessantes, insultes et retournement de veste… toute l’hypocrisie du genre humain se laissait aller. Sauf que quand le personnage principal revient en coulisse…

C’est malheureusement ce qu’il se passa, un après-midi, en plein milieu du village caché du sable. Alors que le groupe qui s’était formé autour de Konaketsu rentrait de l’école, les membres se séparant au fur et à mesure qu’ils arrivaient chez eux, notre protagoniste décida de filer ses propres amis quelques minutes, histoire de vérifier quelques pensées. En effet, cela faisait plusieurs fois que le membre du clan du sandaime Kazekage surprenait chez ses « amis » ces comportements qu’il pouvait observer chez les inconnus qui croisaient sa route : messes basses, pointages du doigt… toute cette hypocrisie qu’il décelait chez les autres, il voulait savoir si elle était aussi présente chez les seules personnes qui comptaient à ses yeux.

Et malheureusement, elle l’était.

Alors qu’il écoutait discrètement ce qu’il était dit entre les autres enfants, tout ce qu’il pensait de ses désormais ancien amis s’effondrait, brique par brique. Chaque parole que prononçait l’un des bambins démontait peu à peu l’image qu’il s’était faite de ses propres amis. Et lorsque le mur n’eut plus de brique... Konaketsu ne put se retenir : il se laissa submerger par toute l’étendue de la colère s’étant accumulé en lui à l’encontre de ces gens, gens qui n’avaient plus aucune importance aux yeux noirs du jeune homme. Il sauta de sa cachette pour se défouler sur ces traîtres, et le temps sembla se suspendre. Tel une bête, le jeune garçon qui ne réfléchissait plus était en plein vol à destination de ces hypocrites, à qui il souhaitait faire regretter les actions et paroles. S’en suivit une longue bagarre qui trouva sa fin lorsqu’un shinobi de Suna, qui passait, par là entendit le bruit de la bataille. Konaketsu, trahit, triste et en colère, rentra chez lui alors que ceux qu’il avait désormais rayé de sa vie rentraient eux aussi, couverts de bleus et de contusions. Konaketsu pleura longuement, ce jour là, et seul le sol de son petit appartement fut témoin de la quantité de larmes qui s’y déversèrent.

Ce fut effectivement une épreuve difficile pour le jeune homme qui, depuis ce jour, resta seul durant tout le reste de sa scolarité à l’académie. Cependant, il pouvait compter sur ses parents… Ou, plus vraiment. En effet, les affres de la guerre eurent raison de nombreux shinobis Sunajins, et les parents du jeune Konaketsu n’y firent pas exception : ils perdirent la vie alors que le jeune garçon soufflait à peine sa première bougie. De ce fait, Konaketsu fut contraint de vivre seul. Quelques fois, des mères civiles de son clan venaient aux soins pour voir si le jeune homme avait besoin de quelques choses, mais cela s’arrêtait là : Konaketsu vivait la plupart du temps dans les méandres de la solitude, solitude qu’il finit par considérer comme sa seul vraie amie.

Cependant, quelque chose était faux dans ces mots : il y avait bien quelqu’un qui comptait pour Konaketsu. Et c’était réciproque ! C’était ce qu’il y avait de mieux dans cette relation : aucune hypocrisie n’y avait sa place. C’était bien la seule chose qui permettait à Konaketsu de sortir quelques peu de son quotidien de solitude : sa relation avec Natsuai, cette fille de marchands sunajins. Tous les jours, ses parents et elle tenaient leur petite échoppe ouverte, vendant les denrées alimentaires nécessaires à la survie des habitants du village de Suna. Au milieu de tout le tumulte de sa vie, cette relation qu’entretenait Konaketsu avec Natsuai était franche et sans semblants : les deux jeunes gens passaient beaucoup de temps ensemble, à papoter et s’amuser avec l’insouciance caractéristique des bambins qu’ils étaient.

Natsuai est ce genre de Soleil, qui ne fait qu’illuminer son entourage. Toujours souriante, et chaleureuse, elle sait faire entrer bonheur et joie même dans les cœurs les plus sombre. Elle se soucie énormément de son entourage et des gens qu’elle rencontre, et n’hésite pas à aider les nécessiteux. Tout à l’opposé de Konaketsu, en quelques sortes. Le souvenir du parfum fleuri de la jeune femme, de ses cheveux couleur de coucher de Soleil flottant au vent et de ses yeux aux pupilles colorées d’une douce couleur ambrée instauraient en Konaketsu un sentiment de chaleur et de bonheur que lui-même ne saurait expliquer.

Konaketsu se souvenait encore de toutes ces merveilleuses soirées, passées à regarder le coucher de Soleil sur le désert en compagnie de sa douce. Plus le temps passait, et plus Konaketsu s’y attachait, si bien qu’il en tomba vite éperdument amoureux. Cependant, lui-même n’était pas conscient de la passion qui l’animait. Peut-être que le temps allait arranger ceci ? Rien ne semblait indiquer une réponse claire.

Et bien, malheureusement, non. Au fur et à mesure que le temps passait, Konaketsu devait consacrer bien plus de temps à son activité de Shinobi, et Natsuai devait, tout comme Konaketsu, dédier une plus grosse partie de son temps à la tenue de l’échoppe de ses parents, qu’elle comptait reprendre lorsque le temps sera venu. De ce fait, les deux grands amis – et peut-être plus, qui sait – se voyaient de moins en moins. Alors que le souvenir de la jeune femme hantait quotidiennement les pensées du manieur de limaille, celle-ci sembla passer à autre chose : elle finit par se marier avec un client régulier de la boutique, qui venait très certainement pour les beaux yeux couleur ambre de la jeune femme. Alors que la vie de la jeune femme continuait, l’homme l’aidant à tenir l’échoppe, celle de Konaketsu stagnait : il ne pouvait se détacher de cette jeune femme, qu’il voyait toujours, certes beaucoup moins, mais qu’il aimait toujours autant.

Voilà. Vous avez tout ce que je sais sur Konaketsu. L’envers du décor est bien moins effrayant que la façade, n’est-ce pas ? Je vous laisse juger par vous-même.