Dossier Shinobi - Kichona Hōseki, l'âme Cristalline. [Achevée]

An 37, Iwagakure no Sato

Une jeune âme semble errer sans but dans les rues du village caché par les roches. Nullement hostile, elle se contente de s’arrêter de temps à autres dans diverses boutiques dont elle ressort systématiquement quelques minutes plus tard avec un franc sourire. On pourrait croire, en apercevant cette silhouette d’une taille relativement faible, qu’il s’agit d’une petite fille s’impliquant dans les tâches quotidiennes de sa famille en réalisant les courses dans diverses boutiques de cette nation renfermée sur elle-même, mais en jetant un œil aux fameuses enseignes, on s’aperçoit vite qu’il n’en est rien puisqu’elles sont toutes spécialisées dans la joaillerie. Dès lors, on peut s’apercevoir que la petite fille en question, malgré son apparat, est loin de servir d’assistante dans un sanctuaire shintoïste.

Ne vous fiez pas aux apparences, oubliez le fait qu’elle porte un Chihaya ainsi qu’un Hibakama qui, vous le remarquerez, semblent usés par le temps tout comme sa paire de Zōris et ses Tabis. Vous noterez également que sa chevelure prune est dépourvue d’Hanakanzashi, et vous en déduisez que vous n’avez définitivement pas affaire à une enfant de Kami. Et vous avez vu juste. Du haut de son mètre quinze, cette petite fille répondant au nom de Hōseki ne sera pas en mesure de vous offrir le moindre Omikuji, toutefois elle sera en mesure d’avoir recours à son don afin de vous couvrir de pierres précieuses, telles que des améthystes, qui sont ses favorites, mais dont la pureté des lignes ne saurait égaler celles de ses pupilles, malgré leur couleur commune.

Intrigué, vous décidez d’observer cette petite fille dont l’habit ne reflète en rien le mode de vie afin d’en apprendre plus sur elle, et vous apercevez, lorsque vous la voyez bifurquer vers une autre échoppe, son visage aux traits aussi purs que son âge le laisse supposer, si ce n’est bien plus encore. Ses deux saphirs se posent brièvement sur vous, comme si elle avait remarqué votre présence parmi tous les autres passants, mais elle ne vous adresse nullement la parole.

Votre fascination se veut croissante, vous êtes donc à présent installé juste devant la façade du commerce ou vous avez vu la jeune fille au regard cristallin entrer, tentant d’écouter la conversation qui a lieu au sein du bâtiment, et vous êtes étonné par la douceur de la voix que vous identifiez comme étant la sienne.

Ce que vous entendez vous stupéfait encore davantage. Vous pensiez suivre une vendeuse à la sauvette dont l’âge prouvait l’inexpérience mais vous constatez qu’elle sait parfaitement ce qu’elle propose au dirigeant de l’échoppe, qui essaye tant bien que mal de l’arnaquer en la pensait naïve.

Cette négociation achevée, la jeune fille ressort, et vous êtes toujours là, elle vous aperçoit brièvement et vous adresse un sourire. Elle se doute probablement que vous la suivez pour d’obscures raisons dont vous seul avez connaissance, mais malgré tout vous n’impactez pas sa bonne humeur perpétuelle, elle ne fait que tenter de vous échapper discrètement… mais vous continuez de la suivre, insistant, sans même savoir que votre curiosité à son égard est comparable à la crainte que vous lui inspirez. Finalement vous la découvrez dissimulée dans une rue adjacente à la vôtre, comme pour vous échapper… mais vous vous obstinez, et engagez la conversation.

Rapidement, la douceur de son regard vous captive. Vous pouvez y lire la pureté de son âme ainsi que la crainte qu’elle avait en étant suivie par quelqu’un d’aussi rustre que vous. Cependant sa gestuelle vous indique qu’après ce court échange, une sorte de confiance s’installe petit à petit entre vous. Elle serait bien incapable de vous faire le moindre mal, et ce n’est finalement pas votre intention non plus.

Au fil de la conversation, vous analysez votre interlocutrice en assimilant ses paroles. Son seul souhait est de pouvoir vivre paisiblement à l’intérieur du village, elle subsiste seule grâce à son don héréditaire, arpentant les nombreuses joailleries d’Iwa en quête de rémunération. Une question reste cependant en suspens dans votre esprit, que fait une petite fille de cet âge seule dans les rues, et ou peuvent bien être ses parents ? Prenant votre courage à deux mains, vous lui posez finalement la question. Ses mains se resserrent et se crispent, son visage s’assombrit soudainement, sa voix prends un timbre plus mélancolique. Vous ne pouviez pas imaginer les révélations que vous vous apprêtiez à entendre.

Elle commence par vous raconter le début de sa vie, ses premières années dans une famille de joaillers désintéressés par les conflits rongeant perpétuellement ce monde. Un père dévoué à la cause de son village bien que convaincu que les actes du Shodaime Hokage ne conduiront qu’à la destruction du modèle qu’il a initié avant de laisser le soin à son frère de le poursuivre. Une mère voulant préserver le cocon familial des horreurs qu’elle-même avait connues durant la Première Grande Guerre Shinobi.

C’est dans ce cadre qu’elle a été façonnée et éduquée loin de toute préparation au conflit. Issue d’un clan qui possédait un pouvoir orientable dans la voie commerciale, son conditionnement fut initié en ce sens, afin de la garder pure et en vie un maximum de temps. Pour ses géniteurs, il était hors de question de perdre leur joyau sur un champ de bataille, ni dans une puérile rivalité comme celle qu’entretenait la précédente Ombre de la Terre. L’académie lui fut même interdite, ses parents estimant qu’elle n’avait besoin que d’étudier les différentes pierres précieuses réalisables. La tâche leur fut grandement facilité par la nature des objets à étudier. N’importe quelle petite fille serait captivée par la myriade de couleurs et de formes que peuvent adopter les cristaux, et Hōseki ne fit pas exception à cette généralité. La fille aux yeux saphir se prit rapidement d’intérêt pour les merveilles que son don lui permettait de créer, et tentait de mettre au jour une nouvelle pierre précieuse dès qu’elle maîtrisait la fabrication de la précédente. Mais ce cocon de bonheur qu’elle s’était créé fut de très courte durée, il prit fin brusquement en l’an 34, et la cause fut une de celles que ses parents redoutaient à son égard.

Une rivalité qui aurait dû se terminer il y a plus d’une dizaine d’années à laissée des traces non négligeables dans les mœurs de certains militaires du pays de l’Eau, et leurs homologues de la Terre étaient systématiquement les cibles de la haine qu’ils hébergeaient en eux. Chacun des peuples ruminait encore la mort de leur second dirigeant, et les années qui passaient ne faisaient que jeter de l’huile sur le feu. La prolongation de cette lutte qui pouvait revêtir un aspect aussi bien barbare qu’honorable coûtait souvent la vie à nombre de shinobis des deux camps. En effet, le désavantage de l’Eau sur la Terre était compensé par une brutalité inégalée dans le reste du continent. Et à force de confrontations, il a fallu que le destin choisisse de priver un joyau de ses parents, durant une simple balade en montagne. Un trio du clan Hozuki dont la lâcheté n’avait d’égal que la faiblesse d’esprit était à la recherche de civils trop entreprenants, par peur de se confronter aux militaires qui ratissaient le territoire à leur recherche. Ce jour-là fut noir mais mitigé pour la petite, elle était orpheline depuis, mais avait découvert un aspect insoupçonné de son pouvoir. Sur la montagne ou elle perdit sa seule famille, on pouvait toujours apercevoir les trois bourreaux scellés à jamais dans des prisons de cristal, comme un avertissement à ceux qui voudraient tenter de nouveau un méfait similaire au leur. Elle avait découvert ce jour-là que son père avait raison, l’Humain n’était pas fait pour se développer paisiblement dans le système mis en place par le légendaire Hashirama, ce qui aurait pourtant été le souhait de ce dernier. Son innocence fut dès lors teintée de méfiance envers tous les hommes, qui se remarquait particulièrement dans son seul et unique moyen de survie, fournir les commerçants de son village en matière première, comme l’aurait souhaité ses défunts paternels.

Au terme du récit qu’elle vous a octroyé, vous constatez la bravoure qui côtoie désormais la pureté au sein de ce corps frêle amené à survivre par ses propres moyens. Votre bonté vous pousse à lui donner un peu d’argent en échange de quelques échantillons de sa manufacture, avant de la laisser poursuivre sa quête, toujours souriante… néanmoins une dernière pensée vous hante. Elle est très jeune, le destin a sans doute encore beaucoup de surprises prévues pour elle…mais vous ignorez lesquels, et vous espérez secrètement la côtoyer afin de pouvoir en témoigner…sachez que de son côté, elle aspire également à vous recroiser, elle a apprécié le bref échange que vous avez eu ensemble.